Le Chat et la Souris
Elle s'était parée d'un rien,
D'un petit rien qui fait tout,
D'un tout, mais tout à fait bien,
Bien qui ne vaut pas un sou...
Sans le sou, jolie soubrette,
Enrubannée dans tes haillons,
Tels oriflammes et fanions,
Vit ta beauté hors des paillettes...
Les excès de tes sourires
Donnent le change au malandrin,
Qui s'exprime pour ne rien dire,
Agissant en mandarin !
Tu t'amuses de son ivresse,
Tu entretiens son désarroi,
Tu fais en sorte que sans cesse
Il s'imagine être ton roi.
Sereine et rigoureuse,
Tu te gausses de ses suppliques.
Tu te sens alors heureuse,
Des principes que tu appliques
Pas très loin, le monarque est assis,
Espérant de la mort un bienvenu sursis
Il t'observe, te jauge d'un regard attendri,
Essayant vainement de définir un prix.
Un amour ancillaire ne lui déplairait point,
Mais quelque chose lui dit de rester dans son coin,
Pour ne pas offusquer cette sublime dévote,
A qui il attribue la meilleure des notes.
C'est alors qu'il croit partie gagnée.
Le prédateur se targue, glousse, jubile,
D'une réussite très bien menée
Auprès d'un être si juvénile.
C'est sans compter qu'une souris
A l'avantage d'avoir compris
Qu'être matou ou mistigri,
La nuit tous les chats sont gris !
